Issue de la société civile, ancienne enseignante, Graziella Melchior exerce la fonction de députée depuis 2017, animée par un désir de faire évoluer la société Française.
Dans la continuité de son parcours professionnel civil au plus proche des citoyens et dans la volonté de garantir les droits de tous, Graziella Melchior fait partie de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, ainsi que de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation.
Députée de la 5ème circonscription du Finistère, elle assistée par une petite équipe composée de Caroline Forest, Armelle Coffin et Lorélenn Morvan, collaboratrices parlementaires.
Attachée au fait de rester accessible à tous, Graziella Melchior répond aux questions posées par les enfants sur la fonction de député(e).
Que fait une députée ? Quelles sont ses missions ?
Une députée est une personne élue par les citoyens Français qui participe à la construction des lois et au contrôle du Gouvernement, à l’Assemblée Nationale.
Une députée vote les lois et les prépare en déposant des propositions de loi ou des amendements. Elle écoute les problèmes et les envies des citoyens afin de les faire remonter à l’Assemblée Nationale où siègent les 577 députés pour pouvoir élaborer une nouvelle loi ensemble. Il est également possible de modifier la loi qui existe déjà et les députés peuvent proposer des nouveautés, des améliorations.
Les députés peuvent aussi poser des questions au Gouvernement ou encore examiner son action dans une commission.
Aujourd’hui, il y a différentes missions et de nouveaux enjeux. Je fais notamment partie de la Délégation des droits des femmes qui a pour but d’informer, de proposer des amendements afin de garantir les droits des femmes en France et plus généralement l’égalité entre les hommes et les femmes. Il existe aussi désormais la Délégation des droits des enfants.
Avez-vous des droits particuliers grâce à votre fonction ?
J’ai les mêmes droits que tous les citoyens Français mais j’ai ce qu’on appelle l’immunité parlementaire. Les députés ne peuvent pas être poursuivis en justice pour leurs opinions ou leurs votes, lorsqu’ils s’expriment dans le cadre de leurs fonctions, à l’Assemblée ou dans des rapports par exemple.
En revanche, lorsqu’ils s’expriment en dehors de leurs fonctions, devant les médias ou autre, les députés peuvent être poursuivis si leurs propos sont diffamatoires ou injurieux.
Existe-t-il une journée type pour une députée ?
Il n’y a pas de journée type. Chaque jour est ponctué par des rencontres, des évènements, des vernissages, des visites d’établissements, des inaugurations… C’est une organisation au jour le jour qui se fait à la demande des citoyens ou selon mon envie de m’intéresser à un sujet en particulier.
Lorsque je me rends à Paris environ 3 jours par semaine, la journée est plus cadrée, surtout le mardi. Le matin commence par une audition avec une commission de 70 députés pendant laquelle on rencontre les différents ministres, les personnes qui gèrent le Journal Officiel. Ensuite, il y a une réunion avec le groupe politique, puis une réunion de groupe de la commission. L’après-midi, il y a les questions au Gouvernement qui nous permettent de contrôler l’action du Gouvernement et durant lesquelles les ministres doivent répondre aux députés. Cela permet également de rencontrer nos collaborateurs.
Est-ce que vous travaillez beaucoup ? Existe-il des personnes qui vous aident ?
La fonction de député(e) exige beaucoup de lecture, de l’observation, de l’écoute et de discussions avec des organisations, des élus, des citoyens…
Il est aussi nécessaire de faire de très nombreux déplacements. Je suis à Paris du mardi au jeudi, puis du vendredi au lundi je suis soit à ma permanence à Landerneau, soit dans d’autres villes, voire d’autres pays.
Surtout, être député(e), ce n’est pas un métier mais un mandat du lundi au dimanche. Je n’ai pas d’horaires et ne travaille pas 35 heures par semaine. Par exemple, la discussion des lois se fait jusque dans la nuit. Ce sont de très grosses journées.
C’est pourquoi nous avons effectivement des collaborateurs qui nous sont d’une grande aide dans toute cette organisation complexe. Je travaille ainsi avec 3 collaborateurs, c’est une véritable petite entreprise.
Qui est le législateur ?
Le législateur, ce n’est pas une personne. En réalité, cela désigne les personnes et institutions qui participent à l’élaboration des lois. En France, ce sont les parlementaires qui sont les députés de l’Assemblée Nationale et les sénateurs réunis. C’est cet ensemble collectif, qui fait la loi, qui est le législateur.
Il faut quand même savoir que très peu de lois sont votées à l’unanimité. La loi qui est votée ne regroupe pas les avis de tous les députés et les sénateurs.
Comment faire si je veux devenir député(e) ?
Pour être député(e), il faut être élu(e) aux élections législatives. Il y a des conditions pour être candidat:
- Etre âgé de 18 ans pour les députés et 24 ans pour les sénateurs ;
- Avoir la nationalité française et jouir de ses droits civils et politiques
- Ne pas être dans un cas d’incapacité ou d’inéligibilité électorale prévu par la loi.
Politiquement, il y a la voie traditionnelle qui est celle d’être engagé dans un parti très tôt, se faire sa place, monter les échelons et puis d’être désigné au sein du parti afin de le représenter aux élections.
Il y a également une autre voie, qui est celle que j’ai utilisée. Ceux qui se présentent sont des personnes issues de la société civile, avec une égalité de genre. En 2017, j’ai simplement envoyé un Curriculum Vitae et une lettre de motivation. J’ai ensuite passé une sorte d’entretien d’embauche, puis j’ai été investie. Par la suite, il faut faire campagne avec un groupe de personnes qui partage les mêmes idées. Il est toutefois nécessaire de s’exposer publiquement ce qui n’est pas toujours facile.
Existe-t-il une « formation des députés » ? Avez-vous une formation juridique ? Si non, est-ce difficile de s’adapter au rythme au début ?
Personnellement je n’ai pas de formation juridique et il n’existe pas de formation pour les députés lorsque nous sommes élus. On nous dispense seulement quelques heures de formation sur le fonctionnement des amendements et du budget de la France. En réalité, ce sont les autres députés, plus anciens et expérimentés qui nous aident au début.
Il y a un gros manque de formation, nous ne sommes pas préparés réellement à la fonction de député(e). Avant de me présenter, je ne réalisais pas ce à quoi la fonction me préparait. Je ne me rendais pas du tout compte de ce qui m’attendait, j’ai donc dû apprendre sur le tas.
Est-on députée à vie ? Comment cela se passe si on veut continuer d’être député(e) ?
Le mandat de député(e) est d’une durée de 5 ans. Lorsque le mandat arrive à terme, il est nécessaire de faire une campagne électorale à nouveau si l’on souhaite être réélu(e).
J’ai été élue en 2017, puis réélue en 2022 après avoir fait une nouvelle campagne. La différence c’est que pour la deuxième, il y avait un bilan de mon premier mandat. Il est donc nécessaire de travailler sur ce bilan afin de déterminer les besoins de nos citoyens.
Comment cela se passe si on veut arrêter d’être député alors qu’on a été élu ?
On peut arrêter d’être député(e) pour des raisons diverses : rythme trop compliqué, raisons médicales…
Dans ce cas, le député doit démissionner de son mandat. En revanche, il est nécessaire de faire une nouvelle élection car le suppléant ne prend la place du député que s’il décède ou s’il est nommé ministre. Le congé maternité ne permet pas non plus au suppléant de prendre la place du député, ce sont les collaborateurs qui perpétuent le travail.
Est-il possible de concilier une vie de famille avec la fonction ?
La plupart des députés s’en sort très bien. Certaines députées ont même eu des enfants en cours de mandat. C’est une question d’organisation.
Je suis contente de voir que les femmes puissent exercer cette fonction en même temps que la parentalité. C’est certes un mode de vie particulier et complexe car nous ne sommes pas toujours disponibles, mais ce n’est pas impossible de concilier vie de famille et fonction.
Avez-vous toujours été députée ?
Non, je ne suis députée que depuis 2017. Avant, je travaillais dans l’enseignement et étais professeure agrégée en IUT à Brest.
Je ne suis pas la seule. D’autres en Bretagne avaient des professions très éloignées de celle de député. En effet, une députée était maraichère BIO et une autre kinésithérapeute.
Pourquoi avez-vous voulu être députée ?
J’ai voulu être députée parce que les idées me plaisaient et l’occasion s’est présentée. Je voulais faire avancer les choses et redonner confiance à chacun.
Je n’aimais pas la politique politicienne, c’est le projet qui m’a donné envie de me lancer dans cette nouvelle voie.
Ce n’était pas du tout une vocation, contrairement à certains peut-être puisqu’ils ont baigné dans le milieu politique toute leur vie.
Est-ce compliqué d’être député ? Quels sont les points positifs ou négatifs ?
Il y a plus de points positifs car j’ai voulu me représenter. Il y a les rencontres de nombreuses personnes qui sont enrichissantes. Cela va des citoyens que l’on essaie d’aider jusqu’aux ministres et au Président de la République. C’est aussi une véritable ouverture sur de multiples sujets : Jeux Olympiques, écoles, vie associative… Cela m’a aussi permis de découvrir mon territoire et toutes ses immenses richesses ainsi que ses animations.
Du côté des points négatifs, c’est évidemment le rythme qui est effréné. Il y a aussi la frustration de ne pas voir les choses avancer aussi vite qu’on le souhaiterait. En effet, le temps politique est très long. On a parfois l’impression qu’il y a beaucoup de discussions inutiles, que le débat est ralenti et donc que ce temps est perdu à ne pas faire autre chose. Il y a donc une difficulté d’allouer le temps correctement et d’être efficace, rationnalisé. Pour moi, qui ne suis pas politicienne, l’efficacité prime avant tout. Il faut donc apprendre à être patient.
En tant que députée, que faites-vous pour les enfants ?
Je suis particulièrement sensible à la cause des enfants. Je fais également partie de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation.
La Délégation des droits des enfants a ainsi été créée pour les enfants à l’Assemblée Nationale afin de donner la parole aux plus jeunes. Elle se questionne donc sur les violences intrafamiliales que pourraient subir les enfants ou l’effectivité de la protection de ceux qui sont placés à l’Aide Sociale à l’Enfance.
Au niveau de l’éducation, il y a le dédoublement des classes, la mixité, les cours végétalisés et diverses mesures pour lutter contre le harcèlement scolaire qui ont été mis en place.
Dans le sport et la culture, nous avons développé la déclaration d’honorabilité pour protéger les enfants, le Passculture ou encore le Pass’Sport qui existent désormais pour y permettre l’accès.
Les enfants peuvent-ils proposer des lois ou participer à leur élaboration ?
Oui, il existe le Parlement des enfants. C’est une opération organisée par l’Assemblée nationale avec le ministère de l’Éducation nationale.
Elle offre aux élèves de CM2 la possibilité de rédiger une proposition de loi sur un thème proposé.
Les classes qui se sont portées candidates reçoivent un kit pour parler de la loi et travaillent avec les enseignants sur la rédaction puis un député les rencontrent. Un jury académique, puis national choisit 5 propositions et les publie. Une des propositions peut être reprise dans une loi par la suite.
Les jeunes peuvent s’investir en politique avec les Conseils municipaux des Jeunes.
Quels conseils donneriez-vous à des enfants qui voudraient suivre votre exemple ?
Il faut être curieux et s’intéresser à beaucoup de choses, avoir des centres d’intérêts divers et être intéressé par l’actualité.
Il est aussi important d’être tolérant, de savoir écouter, respecter les opinions des autres. Ces opinions peuvent nous changer alors il ne faut pas rester bloqué dans ses positions, au contraire, il faut être ouvert aux autres.
La motivation et l’envie de servir les autres avant soit même est primordial pour pouvoir prendre les bonnes décisions.
Enfin, il n’est pas obligatoire de s’y connaître en droit. Au contraire, c’est parfois même plus intéressant car cela permet de se questionner sur le cadre et vouloir le bouger.
Comment pouvons-nous vous contacter ?
Ma permanence parlementaire est située au 54 Quai de Léon, 29800 Landerneau.
Vous pouvez me contacter par téléphone au 02.29.63.92.41 ou au 01.40.63.74.81 et par mail à l’adresse graziella.melchior@assemblee-nationale.fr
Auteur : Gaëtane PIETIN
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