Maître Anne-Sophie LEROI, avocate associée au sein du cabinet Benoliel Avocats.

Quel est votre parcours ?

Après l’obtention d’un baccalauréat scientifique, je me suis orientée vers des études de médecine et ai passé à deux reprises le concours de PCM1, sans succès.

J’ai alors choisi de me réorienter vers des études de droit parce que je considérais qu’elles m’ouvriraient plus de perspectives. J’avais pour objectif de me diriger vers une école de commerce après l’obtention de ma licence ou de mon Master 1 en vue d’un double diplôme. Finalement, j’ai pris goût au droit et j’ai choisi de continuer uniquement dans cette voie.

J’ai effectué mes études de droit à l’Université Paris Nanterre (Paris X) et j’ai dans ce cadre réalisé un Erasmus en troisième année de licence en Norvège afin d’améliorer mon vocabulaire et ma rédaction en anglais. C’est à mon retour en France que j’ai effectué mon tout premier stage de 2 mois dans un cabinet de Conseils en propriété industrielle qui m’a fait découvrir une matière du droit qui m’était alors inconnue et que j’ai tout de suite adoré.

J’ai ensuite effectué un Master 1 en droit des affaires, toujours au sein de l’Université Paris Nanterre. A l’issue de cette année-là, j’ai tenté pour la première fois l’examen du CRFPA, sans succès. Pour mon Master 2, je voulais à tout prix intégrer une formation dédiée à la propriété intellectuelle et j’ai choisi le Master 2 en droit des innovations techniques proposé par l’Université Paris-Sud (Paris XI). J’ai effectué mon stage de fin d’études au sein d’un cabinet d’avocats anglo-saxon dont le champ d’activité couvrait aussi bien la propriété intellectuelle que le droit des affaires.

A la suite de mon Master 2, j’ai retenté ma chance au CRFPA, cette fois-ci avec succès et ai intégré l’HEDAC en janvier 2011. J’ai commencé mon parcours d’élève avocat par une alternance de 6 mois au sein d’un cabinet d’avocats. Cette expérience fut très formatrice sur la pratique des contentieux en matière de propriété intellectuelle et de droit commercial.

Mon PPI a été divisé en deux temps : j’ai effectué un stage de 3 mois au sein d’un cabinet d’avocats à Los Angeles puis un stage de 3 mois au sein du service juridique de Lagardère Active, dédié au droit de la presse.

J’ai réalisé mon stage final au sein du cabinet d’avocats Aramis, dans le département IP/IT. Ce stage fut par la suite prolongé par un CDD de juriste de quatre mois.

Après l’obtention de mon CAPA et de ce CDD, je suis partie à la recherche d’un contrat de collaboration.

Quelles ont été les difficultés rencontrées à la sortie de l’école d’avocats ?

Lors de l’obtention de mon CAPA j’étais en CDD au sein du Cabinet Aramis qui n’envisageait pas de recruter. J’ai parallèlement commencé à envoyer des candidatures spontanées et ai répondu à des annonces via Village de la Justice. J’avais ciblé uniquement les cabinets d’avocats qui faisaient de la propriété intellectuelle soit partiellement, soit exclusivement. Mes recherches pour trouver une collaboration ont duré quatre mois. Je me souviens avoir trouvé le temps long au début et je n’avais aucune idée de l’état du marché dans la matière que je convoitais.

J’ai néanmoins été assez active dans mes recherches en envoyant régulièrement des candidatures spontanées et ai assisté à des salons professionnels. J’ai constaté que les candidatures spontanées ont rencontré davantage de succès que les simples réponses à des annonces.

J’ai finalement commencé ma première et seule collaboration au sein du cabinet Antoine et Benoliel – qui est ensuite devenu Benoliel Avocats – 5 mois après ma sortie de l’HEDAC. A l’époque, l’associée était à la recherche d’un(e) collaborateur(rice) en vue de son installation.

J’ai prêté serment le 5 juin 2013 et exerce toujours dans ce même cabinet.

Quelle est votre spécialité et pourquoi ce choix ?

J’exerce mon activité exclusivement en droit de la propriété intellectuelle. Je viens d’ailleurs de présenter mon dossier pour la mention de spécialisation au CNB. Tant que le certificat ne m’a pas été délivré, je ne peux toutefois pas encore me définir comme « spécialisée » dans cette matière.

J’ai eu la chance de faire un premier stage dans ce domaine qui m’a beaucoup plu, de sorte que je n’ai jamais cherché à trouver un autre domaine du droit.

J’ai effectué la très grande majorité de mes stages en propriété intellectuelle et en droit commercial. Ce qui m’a attirée c’est en particulier sa dimension internationale et sa grande technicité.

Le cabinet dans lequel j’exerce aujourd’hui est entièrement dédié à la propriété intellectuelle.

Cette matière me permet de défendre les intérêts de l’innovation, de la création et de tous les domaines artistiques, tout en accompagnant des acteurs dans le développement de leur activité et de leur image de marque.

Qu’est-ce que vous feriez/ne referiez pas dans votre parcours ?

Je n’ai aucun regret particulier sur mon parcours.

Avec le recul, je me dis qu’il aurait été bien que je cherche à développer davantage mon réseau et mes dossiers personnels en participant aux évènements, formations, rencontres, etc. organisés par les associations et syndicats d’avocats tels que l’UJA et l’ACE par exemple, lesquels sont force de propositions pour les jeunes avocats.

Le barreau de Paris est particulièrement actif et ce type d’action favorise les rencontres avec des confrères d’autres spécialités ce qui permet la construction d’un réseau plus large.

Pourriez-vous nous partager un moment marquant de votre carrière ?

Mon premier dossier personnel.

J’avais été mise en relation avec une personne qui venait de recevoir une lettre de mise en demeure d’une marque de luxe qui lui reprochait des actes de contrefaçon. Sa problématique rentrait complètement dans mon champ d’activité, je me suis donc occupée de son dossier.

La difficulté est que les actes reprochés étaient avérés, il fallait donc trouver la meilleure stratégie pour défendre la cliente et limiter les conséquences financières.

Malgré tous mes efforts, la tentative des négociations a échoué et la partie adverse a décidé de porter l’affaire devant les Tribunaux.

Après 18 mois de procédure, ma cliente a été reconnue responsable d’actes de contrefaçon et condamnée à verser des dommages et intérêts à la partie adverse mais grâce à mes arguments la responsabilité a été partagée avec le client qui avait commandé les produits et choisi le motif litigieux. Le préjudice commercial a lui aussi été considérablement réduit par rapport aux demandes qui étaient formulées.

Ma cliente, qui avait compris que la reconnaissance de responsabilité était inévitable, a été ravie du résultat et très reconnaissante du travail réalisé. Au final, comme la cliente était satisfaite, j’ai eu la même sensation que si j’avais gagné le dossier et toute seule !

Qu’aimez-vous le plus dans votre métier ?

J’apprécie grandement la diversité des dossiers et des domaines d’activités des clients. Chaque dossier m’amène à me plonger dans des secteurs d’activités extrêmement divers, ce qui participe à enrichir mes connaissances.

Le droit de la propriété intellectuelle étant construit en grande partie sur la base de textes européens, il existe de très nombreuses associations de praticiens françaises, européennes et internationales dans ce domaine ce qui m’a aussi permis de rencontrer des confrères de nombreux pays afin d’échanger sur leurs pratiques.

Quels sont vos projets et objectifs ?

M’étant tout juste associée après presque 11 ans de collaboration, je souhaite développer une clientèle plus large afin de faire croître progressivement le cabinet. Selon la vitesse de croissance de l’activité, nous serons peut-être en mesure d’envisager de recruter un nouveau collaborateur dans les prochains mois.

Je souhaite également continuer à relever de nouveaux défis, notamment face aux enjeux juridiques liés au développement de l’intelligence artificielle et des innovations numériques. Nous devons constamment nous informer et nous former afin de rester en mesure de répondre aux problématiques innovantes rencontrées par les clients.

A titre personnel, j’aimerais également me former à la médiation. Dans le cadre de notre activité contentieuse, nous sommes constamment incités à y avoir recours et cela me permettrait de développer une compétence à part entière.

Des conseils concernant l’orientation post bac ?

Aucun choix n’est définitif.

Si on change d’avis ou d’envie, une réorientation est toujours possible quelle que soit la matière étudiée.

Un mot pour les futurs avocats ?

Je pense que le métier d’avocat est en perpétuelle évolution et qu’il existe une multitude de manières d’exercer la profession d’avocat aujourd’hui.

Il ne faut pas hésiter à être curieux(se) et à chercher la forme d’exercice qui vous convienne. C’est un métier très stimulant et enrichissant, fait de nombreuses rencontres à travers les confrères et les clients. Même si vous êtes déçu par l’une de vos expériences professionnelles, cela vaut le coup de changer de structure et de persister dans la recherche d’une pratique plus conforme à vos attentes.

Auteur: Clinique Juridique de l’HEDAC – La Gazette du mois d’avril

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