Rencontre avec Maître Karine RIVOALLAN, avocate spécialiste en droit du travail, membre du bureau de la Conférence des Bâtonniers et ancienne bâtonnière du Barreau de Saint-Brieuc; médiatrice agréée auprès de la Cour d’Appel de Rennes et Présidente du centre Armor Médiation.

Maître Karine RIVOALLAN

Maître Karine RIVOALLAN exerce la profession d’avocat depuis janvier 2003 au Barreau de Saint-Brieuc. Après avoir été collaboratrice libérale au sein d’un cabinet judiciaire, elle a fondé son cabinet spécialisé en droit du travail en 2015 et a obtenu alors la mention de spécialisation en Droit du Travail délivrée par le CNB. Elle intervient sur l’ensemble des problématiques sociales des entreprises, tant en conseil qu’en contentieux et assure également depuis 11 ans, une formation auprès des étudiants en droit du travail.

Depuis 2013, Maître Karine RIVOALLAN est également médiatrice agréée, inscrite sur la liste des médiateurs auprès de la Cour d’Appel de Rennes depuis 2018 et Présidente du centre Armor Médiation depuis janvier 2022. Elle intervient tant en phase amiable que judiciaire dans le règlement amiable des litiges.

Très investie au sein de la profession d’Avocat, Maître Karine RIVOALLAN est membre du conseil de l’ordre des avocats de Saint-Brieuc, et a été élue Bâtonnière de l’Ordre des avocats de Saint-Brieuc pour les années 2022-2023.

A la fin de son mandat, elle reste engagée pour son barreau et pour les Bâtonniers de Province notamment, puisqu’elle a été élue au Bureau de la Conférence des Bâtonniers pour les années 2024 à 2026.

Elle est au sein de cette institution nationale : membre de la Commission Droits de l’Homme et a spécialement à coeur de défendre les droits des otages, ainsi que membre de la Commission Civile et référente du groupe de travail sur les MARD (Modes Amiables de Règlement des Différends).

Afin de répondre aux questions que vous vous posez sur les avocats, le rôle de bâtonnier, et celui des médiateurs, Maître Karine RIVOALLAN présente son parcours et ses activités.

Pourriez-vous nous dire quel métier vous souhaitiez exercer quand vous étiez enfant ?

Enfant, je n’avais pas véritablement d’idée sur le métier que je voulais exercer plus tard. J’étais à la fois studieuse et rêveuse. Je lisais beaucoup, notamment des romans policiers d’Agatha Christie, de Maurice Leblanc…et j’étais passionnée par la conception des intrigues et la résolution d’énigmes.

Lorsque j’y étais confrontée, j’avais une véritable aversion pour la violence, l’indifférence et l’injustice.

Je pense que c’est de là que vient mon besoin d’être utile aux autres, de les défendre, de leur permettre d’obtenir justice ou de les amener à trouver leur propre solution à leur litige. 

Mais je n’envisageais pas encore de devenir avocate ou médiatrice.

Pourriez-vous nous expliquer quelles études vous avez suivies ?

J’étais plutôt littéraire, mais à l’époque, le bac scientifique était très prisé. J’ai donc obtenu, un bac D qui n’existe plus aujourd’hui…et je me suis enfin lancée dans des études de Droit.

Mon engouement pour la résolution d’énigmes, l’universalité du Droit, l’engagement social qu’il permet, m’ont donné envie de suivre des études de droit.

A cette époque, j’étais attirée par la criminologie, et naturellement j’ai eu beaucoup de plaisir à étudier le droit pénal et la procédure pénale.

Pour autant, la profession d’avocat m’apparaissait réservée à une certaine élite à laquelle je n’appartenais pas.

C’est en licence de Droit, que je me suis enfin autorisée à penser que je pourrais devenir avocate et que je ne devais pas me mettre de barrières avant qu’elles se présentent à moi.

Après l’obtention d’une Maîtrise (« Master ») Carrières Judiciaires et alors que je préparais l’examen d’entrée à l’Ecole des Avocats, j’ai eu la chance de réaliser plusieurs stages au sein de Cabinets d’Avocats et notamment auprès d’un grand avocat pénaliste du Barreau de Rennes, Me Philippe BILLAUD.

J’ai adoré la technicité de la matière pénale, l’importance humaine de ses enjeux, la maîtrise de la procédure de l’avocat pénaliste, à l’affût de chaque erreur ou incohérence du dossier, voire de chaque incident d’audience susceptible de lui permettre un recours judiciaire. J’ai également été impressionnée par les talents d’orateur de ce grand ténor du Barreau de Rennes.

Pour autant, ce dernier stage m’a fait découvrir le côté sombre et bien réel des affaires pénales, auquel à l’époque, je n’étais vraisemblablement pas prête.

L’univers du droit pénal est fait des maux de notre société. La violence, les viols, les meurtres… et j’avais besoin de m’éloigner de toute cette violence.

Une fois mon CAPA (certificat d’aptitude à la profession d’avocat) en poche, j’ai recherché une collaboration à Saint-Brieuc et j’ai été recrutée par Me Jean-Marc LEFRAIS, un ancien bâtonnier, spécialiste en droit du travail.

C’est ainsi que j’ai commencé à travailler sur cette matière que je connaissais peu alors, et que j’ai appris par la pratique professionnelle.

Plus tard, j’ai souhaité valoriser ma pratique professionnelle en passant l’examen de spécialisation en droit du travail auprès d’un jury composé d’avocats spécialistes, d’un magistrat et d’un universitaire.

Pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous avez voulu devenir avocate ?

Un seul mot me vient: Défendre.

Dans tout procès, chacun a le droit d’être défendu. C’est essentiel pour éviter les erreurs judiciaires et rendre une Justice équitable.

Au delà de la technicité juridique, il s’agit de porter l’humanité que l’exercice de cette profession implique et telle qu’elle est d’ailleurs définie dans notre serment :  » je jure d’exercer avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité « .

Le choix de l’avocature est un véritable engagement: celui de respecter tout au long de sa vie professionnelle, le serment prêté lors de son entrée dans la profession.

J’apprécie également d’être indépendante et d’avoir une certaine liberté d’entreprendre, d’être appréciée sur la pertinence des conseils que je peux donner et sur la qualité de mes travaux. Il y a un côté très gratifiant lorsqu’un client vous choisit pour vos compétences et que vous êtes reconnue dans votre sphère d’activité.

Aujourd’hui, je n’imagine pas exercer un autre métier.

Pourriez-vous nous décrire votre parcours et vos domaines d’exercice ?

J’exerce la profession d’avocat depuis plus de 21 ans. J’ai commencé à exercer en tant qu’avocate collaboratrice libérale en 2003, c’est à dire avec la possibilité  de  créer et développer ma propre clientèle.

Dix ans plus tard, je me suis installée afin de créer mon propre cabinet portant sur mon domaine de compétences : le droit du travail.

Souhaitant être formée aux stratégies de résolution des conflits, je me suis intéressée à la médiation et j’ai obtenu à cette même époque un certificat de spécialisation « Transaction, négociation, médiation » délivré par le Conseil National des Arts et Métiers de NANTES.

En 2015 je me suis spécialisée en Droit du Travail et j’ai obtenu cette mention de spécialisation auprès du Conseil National des Barreaux et je me suis associée au sein d’un cabinet juridique à cette même époque.

En 2018, j’ai repris ma liberté et mon indépendance pour créer ma société, un cabinet dédié au droit du travail, clairement identifiable, tant en judiciaire qu’en juridique et capable de proposer des solutions amiables de règlement des différends.

Cette même année, la Cour d’Appel de Rennes mettait en place une liste de médiateurs agrées sur justifications de formations et pratiques professionnelles. Depuis 2018, je suis donc inscrite sur la liste des médiateurs auprès de la Cour d’Appel de RENNES.

Mon activité était initialement orientée sur le judiciaire, et j’ai progressivement développé le Conseil Juridique afin de répondre aux attentes des entreprises et d’avoir une compétence qui au-delà d’être transversale, me permet de mieux anticiper les risques de conflit en entreprise.

Mon cabinet est spécialement consacré au droit du travail, et développe une proposition de produits calibrés sur l’évolution législative ou requérant une certaine technicité répondant à un besoin spécifique des entreprises (audit social, accompagnement juridique terrain en RH, négociations avec objectivisation du risque social…), et pouvant recourir à la médiation et à d’autres modes de résolution des conflits sociaux.

Pourriez-vous nous expliquer ce qui vous a donné envie vous engager auprès de l’ordre des avocats et de devenir bâtonnière ?

Dès mes débuts, j’ai intégré l’association des Jeunes Avocats de Saint-Brieuc, dont j’ai été présidente pendant 2 ans.

Puis, dès l’ancienneté des 4 années requise,  j’ai été élue membre du Conseil de l’Ordre de Saint-Brieuc pendant 3 ans, mandat renouvelé à trois reprises, avant de d’être élue bâtonnière de mon Barreau pour les années 2022 et 2023.

Il s’agit donc d’un engagement continu pour la profession et notamment pour l’ordinalité.

J’ai à cœur d’accompagner et de travailler collectivement pour le bien de notre profession.

Le rôle de bâtonnier m’a permis d’être aux côtés des avocats de mon barreau, de travailler avec les juridictions, de développer des partenariats permettant à l’avocat d’être au coeur de la Cité.

Depuis, j’ai été élue pour les années 2024 à 2026, membre du Bureau de la Conférence des Bâtonniers. Je continue donc cet engagement en accompagnant à mon tour les Bâtonniers, au sein de cette belle instance nationale.

Pourriez-vous nous décrire le barreau de Saint-Brieuc ?

Le barreau de Saint-Brieuc est composé de 146 avocats. L’ensemble des domaines du droit y sont représentés.

Il s’agit d’un barreau à taille humaine et les avocats se connaissent bien. C’est un barreau convivial, dynamique, accueillant et solidaire.

Il y règne une certaine bienveillance, tant en ce qui concerne les avocats que leurs relations avec  les juridictions et leurs greffes.

C’est important car le système judiciaire ne peut fonctionner sans des relations de confiance et d’estime entre avocats, magistrats et greffiers pour œuvrer ensemble à une justice digne et de qualité.

Quelle expérience gardez-vous de votre mandat de bâtonnier ?

Je garde un excellent souvenir de mon mandat. Ces deux années de bâtonnat ont été riches de rencontres, de partenariats et d’actions.

J’avoue qu’en prenant le bâton, il y a deux ans, je ne m’attendais pas à tout cela.

Pendant ces deux années, j’ai eu à cœur de faire en sorte que la parole du bâtonnier soit accessible à tous, suive une ligne directrice, celle de la défense de notre profession, porte nos valeurs et notre serment, et enfin, donne sa voix à des causes qui nous paraissent justes de défendre.

L’excellence de la qualité des relations avec les chefs de juridiction, nous ont permis d’avancer utilement et de mettre en place des actions porteuses de sens et toujours plus favorables au Justiciable et à l’Accès au Droit.

J’ai également apprécié de pouvoir accompagner les avocats lorsqu’ils rencontraient des difficultés.

Ce bâtonnat 2022-2023 a également été celui du développement de l’amiable avec la mise en place d’une permanence de médiateurs d’Armor Médiation, auprès  des juridictions afin d’assurer l’information à la médiation auprès des justiciables dans le cadre de dossiers contentieux choisis en matière civile et commerciale.

Le bâtonnier est une personne de confiance, à qui les avocats confient leurs problèmes. La dimension humaine de cette fonction est donc primordiale à mon sens.

Le Bâtonnier doit aussi utiliser sa voix pour la mettre au service de la Profession et des Causes qui lui paraissent justes de défendre.

J’ai eu la chance de pouvoir faire appel à la solidarité des avocats et nous avons agi pour des causes liées aux droits fondamentaux et à la liberté.

Nous avons ainsi aidé à médiatiser à plusieurs reprises le sort d’une otage française, Cécile Kohler détenue arbitrairement en Iran depuis le 7 mai 2022. C’est un combat qui me tient particulièrement à coeur.

Avez-vous une activité de formation ou d’enseignement ?

Oui, depuis 2013, je suis chargée d’enseignement en droit du travail à l’IUT de Saint-Malo. J’ai également enseigné à l’Université de Rennes à cette époque.

C’est à mon sens, important de transmettre ses connaissances et partager son expérience, et le droit du travail est toujours source d’intérêt pour les étudiants qui se projettent sur leur avenir professionnel et le monde du travail.

L’enseignement rend également le droit accessible à tous. Les étudiants sont souvent intéressés par des exemples concrets, des cas pratiques et des exercices de plaidoiries.

Le droit est vivant et concret, son apprentissage doit donc être vivant et concret lui aussi.

En tant qu’avocate et enseignante, que pensez-vous des initiatives qui visent à rendre le droit accessible aux jeunes comme aijedroit.com ?

Je suis convaincue de l’importance d’apprendre le droit dès le plus jeune âge. Je suis donc très favorable à ce que des associations interviennent en école.

Le travail d’aijedroit.com est intéressant en raison du caractère ludique des actions menées auprès des jeunes dès l’âge de 7 ans.

Par ailleurs, le fait de les rendre acteurs de projets pour rendre le droit accessible aux autres jeunes est innovant, puisqu’ils sont placés dans un rôle de juriste. Lorsqu’ils créent des BD, des dessins animés, ou des jeux pour rendre le droit accessible aux jeunes, ils réalisent une performance que de nombreux adultes ne maîtrisent pas forcément : l’accessibilité.

Cela rejoint ma conviction qu’il faut s’adapter aux jeunes et leur rendre le droit ludique et accessible.

Avec aijedroit.com, ils jouent et peuvent se prendre pour de petits avocats.

Une telle approche est excellente pour amener les jeunes à développer leurs connaissances juridiques et leur donner envie de comprendre le droit et leurs droits.

Quels conseils donneriez-vous aux enfants qui s’interrogent sur leurs études et l’accès au métier d’avocat ?

Il faut oser et ne pas se limiter : Se faire confiance, être curieux et ne pas hésiter à faire des stages ou à contacter des professionnels.

Il faut également accepter de se remettre en question et de s’interroger sur ses choix pour s’assurer qu’ils correspondent à ce que l »on souhaite véritablement.

Le Droit mène à tout et il me semble important de confronter ses rêves à la réalité, afin de bien choisir, de prendre les bonnes décisions sur son avenir .

Le métier d’avocat est très varié, très vivant.

Si vous souhaitez exercer cette belle profession, réalisez des stages, travaillez, et faites vous confiance !

Et ne vous mettez pas de barrières avant qu’elles ne se présentent à vous.

Et lorsqu’elles se présenteront à vous, soyez certains que vous aurez en vous les ressources pour les dépasser.

Comment pouvons-nous vous joindre ?

Je reçois sur rendez-vous du lundi au vendredi.

Mon cabinet est situé Centre d’affaires athéna, Zone de l’arrivée – 3ème étage

2, rue François Jacob  BP 60126 – 22191 Plérin Cedex

Tél : 02.57.67.15.31

E-Mail : info@rivoallan-avocat-rh.fr

Pour aller plus loin

Site du cabinet :

Auteur: Pierre Cornou

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