Maître Maxime Colliou est Avocat à Brest depuis le 16 janvier 2002, date à laquelle il a prêté serment :
« Je jure, comme avocat, d’exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité ».
Profondément humain et respectueux du serment qu’il a prêté, Maître Maxime Colliou a également exercé des fonctions au sein du conseil de l’Ordre des avocats.
Maître Maxime Colliou exerce en cabinet individuel, principalement dans le domaine du droit pénal.
Il gère également des dossiers de dommages corporels, de droit de la famille, de responsabilité civile, ainsi que des procédures civiles et pénales des mineurs.
Soucieux de transmettre ses connaissances, Maître Maxime Colliou donne des cours et formations à l’université, ainsi qu’en école d’avocat.
Afin de répondre aux questions que vous vous posez sur les avocats, et le droit des mineurs, Maître Maxime Colliou présente son parcours et ses activités.
Comment vous est venue l’envie d’être avocat ? Quel a été votre parcours ?
Pour être honnête, je suis devenu avocat par une succession de hasards.
Au début de mon cursus universitaire, je souhaitais devenir magistrat, mais j’ai vite réalisé que cela ne me conviendrait pas.
J’avais un autre rêve, celui de transmettre, et d’enseigner à l’université comme professeur.
Toutefois, n’étant pas considéré comme un très bon étudiant à l’époque, je n’ai pas été pris en DEA (équivalent Master 2 aujourd’hui), et j’ai donc dû mettre mon souhait d’enseigner entre parenthèses.
C’est alors que j’ai choisi de m’orienter vers le métier d’avocat, et de m’inscrire dans un Institut d’Etudes Judiciaires pour préparer l’examen.
J’ai passé l’examen d’avocat avec succès et j’ai ainsi intégré cette belle profession.
Je suis très heureux du métier que j’exerce et, avec du recul, je considère que le hasard a très bien fait les choses.
Quelles sont les qualités, selon vous, d’un bon avocat ?
C’est surtout l’écoute, le contact humain.
Peu importe le domaine pratiqué : droit des affaires, droit des sociétés, droit public, il y a toujours de l’humain derrière.
Ça et l’indépendance, car contrairement à d’autres professions, telle que celle des notaires, il nous est possible de choisir de ne pas représenter un client ou de cesser notre intervention. Il n’y a pas d’obligation de le rediriger, il appartient au client de trouver un autre avocat.
C’est aussi être chef d’entreprise : gérer une comptabilité, avoir une idée des taux de rentabilité, savoir facturer des honoraires… C’est très important économiquement.
Existe-t-il des aides pour régler les honoraires d’avocat ?
Il existe en effet l’aide juridictionnelle, mais aussi, de plus en plus les assurances de protection juridique qui prennent en charge les honoraires d’avocat.
Il est toutefois nécessaire de savoir qu’une personne bénéficiant d’une assurance de protection juridique ne pourra pas demander l’aide juridictionnelle.
Comment se déroule le partage des frais de justice dans un procès ?
Les frais de justice sont à la charge de ceux qui ont perdu le procès.
Les dépens seront les frais de nature répétibles : ils seront à la charge totale du perdant du procès. Ce sont par exemple les frais d’huissier, d’expertise judiciaire…
Les frais irrépétibles, ce sera une enveloppe que la juridiction va donner et dans ce cadre, il peut en effet y avoir un reste à charge.
Toutefois les personnes ont beaucoup à gagner en faisant appel à un avocat.
Il est en effet là pour répondre à leurs questions et les orienter sur ce qu’ils peuvent demander, comment peuvent-ils demander ou combien peuvent-ils demander.
C’est mettre des mots sur des volontés, transcrire des souhaits en éléments juridiques.
Les avocats n’ont qu’une obligation de moyens, pourriez-vous expliquer cela ?
Ce n’est pas moi qui décide, la décision appartient au juge.
Mon travail est d’accompagner et de conseiller au mieux.
L’aléa existe et on l’explique, mais si l’aléa est réellement important on explique en quoi et dans quelle mesure la décision peut ne pas aller dans le sens du client.
Il n’y a que peu de surprises quand le client n’a pas ce qu’il veut.
La problématique pour l’avocat n’est pas tant que le client n’ait pas ce qu’il souhaite, mais davantage que la décision ne contienne pas d’explications suffisantes, et qu’il ne soit pas possible de l’expliquer au client.
En effet, il faut comprendre pourquoi le procès est perdu et savoir l’expliquer.
Cela arrive rarement mais quand cela arrive, c’est très embêtant.
Si les justiciables perdent le procès en 1ere instance, accompagnez-vous vos clients en appel ? Pour vous la procédure change-t-elle ? Apporte-t-elle certaines difficultés ?
L’accompagnement est très différent en appel.
Si la procédure est écrite, tout se fait depuis le cabinet, donc il n’y a pas de difficulté, que les clients bénéficient ou non l’aide juridictionnelle.
Si la procédure est orale et nécessite de se déplacer, alors dans ce cadre c’est très difficile si les clients bénéficient de l’aide juridictionnelle.
Le tribunal judiciaire de Brest est le plus éloigné de sa cour d’appel (Rennes) donc cela devient compliqué en termes de rentabilité, notamment en raison des frais et du temps de déplacement.
Ce sont donc bien souvent des dossiers qui seront transmis à des confères dans le ressort de Rennes.
En quoi est-ce, selon vous, important que les justiciables aient accès à un avocat ?
C’est indispensable, car le droit est complexe.
Il change très souvent, il y a des délais, des stratégies à mettre en place, un vocabulaire précis.
Ainsi, pour un citoyen ordinaire, sans avocat, ce sera beaucoup plus compliqué que s’il est assisté par un avocat.
Pensez-vous que la justice pourrait fonctionner correctement sans les avocats ?
Non, ou très difficilement.
Concrètement, un certain nombre de secteurs ne pourraient pas fonctionner à ce jour sans avocat, comme en dommage corporel où il est bien souvent fait appel à des experts pour réaliser des rapports.
Dans ce cadre, seul un avocat peut chiffrer le dommage depuis le rapport d’expertise.
Vous vous présentez comme un avocat pénaliste, mais vous exercer aussi dans d’autres domaines. Lesquels sont-ils ? Est-ce plus difficile pour vous de les pratiquer ?
Je n’ai pas de mention de spécialité en droit pénal, mais j’ai développé initialement une clientèle dans ce domaine. J’interviens aussi dans d’autres domaines complémentaires.
En effet, le droit n’est pas étanche ou cloisonné : Une même affaire pourra concerner le droit pénal, le droit civil, ou le droit de la santé.
Par exemple si quelqu’un est responsable d’un accident de voiture, en excès de vitesse et blesse quelqu’un. Il peut être poursuivit sur le fondement de sa responsabilité pénale pour l’excès de vitesse. Il peut aussi être poursuivi sur la base de sa responsabilité civile pour des dommages corporels.
Dans ce type de dossier, on doit connaître le droit civil, le droit pénal, le régime de la responsabilité civile, le code de la route, le code du travail…
C’est un ensemble de domaines liés. Il y a donc des ponts entre tous ces domaines. Il n’y a pas de murs dans un dossier.
Étant donné que je pratique depuis longtemps, il n’est pas systématique de tout reprendre à zéro, bien qu’il soit nécessaire de se former aux changements, aux pratiques évolutives.
Pourriez-vous nous décrire le barreau de Brest ?
Le barreau de Brest est intéressant par sa taille.
Il est suffisamment gros pour ne pas plaider souvent les uns contre les autres, ce qui évite le risque de créer des situations conflictuelles sur le long terme.
Il est aussi suffisamment petit pour que tout le monde se connaisse.
La déontologie et la confraternité sont des valeurs importantes qui sont bien respectées dans le barreau.
Aimeriez-vous changer quelque chose dans votre carrière ? La passerelle permettant de passer d’avocat à magistrat vous intéresserait elle ?
Aujourd’hui, je suis très heureux là où je suis, notamment grâce aux activités annexes qui me permettent de transmettre et rencontrer des personnes qui ont soif de savoir.
La passerelle d’avocat à magistrat ne m’intéresse pas du tout, car cela laisse penser que les avocats sont des magistrats de seconde main, mais plus généralement, ce n’est pas du tout le même métier.
C’est une question de culture, il ne suffit pas de connaître le droit pour être un bon magistrat. C’est comme si on demandait à un entraîneur de devenir arbitre dans un sport : ce n’est pas parce que l’entraîneur connaît les règles, qu’il sera un bon arbitre.
Inversement, un bon magistrat ne deviendrait pas forcément un bon avocat.
Exercez-vous, ou avez-vous exercé, d’autres fonctions que celle d’avocat, auprès de l’Ordre notamment ?
Oui, j’en ai été membre pendant une durée totale de 12 ans.
Je ne suis plus membre du Conseil de l’Ordre depuis le 31 décembre 2021.
C’est une fonction chronophage, pour laquelle il y a généralement peu de candidats, car elle n’est pas rémunérée.
Toutefois, c’est un engagement important, car c’est un temps où l’on s’investit pour le bien de la profession.
Vous enseignez également à l’UBO et à l’Ecole des Avocats, pourquoi enseigner en plus de vos autres fonctions déjà très prenantes ?
Je suis vacataire à l’UBO, où je suis chargé de Travaux dirigés en deuxième année, ainsi qu’à l’Institut d’Etudes Judiciaires de Brest depuis 2 ans.
J’interviens aussi depuis une dizaine d’années à l’École des Avocats.
J’aime vraiment enseigner. Cela me permet de sortir du cabinet, ce qui est important quand on a une profession prenante et stressante.
C’est aussi avoir une activité annexe permettant de transmettre, et il me semble important de transmettre ses connaissances et d’aider ceux qui veulent devenir juristes ou avocats, c’est être solidaire et bienveillant.
Cela permet également de rencontrer d’autres personnes dans différents cadres, et ainsi d’exercer différemment mon métier.
Comment définiriez-vous votre profession à un enfant ?
Je suis l’avocat de l’enfant, je ne suis là que pour lui et pas pour ses parents.
Je suis là pour expliquer ce qu’il souhaiterait dire au juge et j’écoute ce qu’il souhaite que je garde pour moi.
Cette confidence rentre donc dans le secret professionnel.
Vous avez l’habitude de défendre des justiciables particuliers : des mineurs. En quoi cela vous oblige-t-il à adopter une posture professionnelle différente ?
Il est compliqué de faire comprendre à l’enfant qu’il peut avoir des souhaits non conformes à ses intérêts.
C’est notamment le cas dans les dossiers d’assistance éducative : certains enfants souhaitent rentrer chez eux avec les parents, or ce n’est pas possible, car les parents sont défaillants dans l’éducation.
Ici, le mandat que me donne le client, qui est de porter sa parole devant le juge, n’est pas conforme à ses intérêts, mais je porte sa parole comme pour n’importe quel autre client.
Dans ce cadre, j’explique à l’enfant qu’il y a un risque que le juge ne statue pas en sa faveur et qu’il ne puisse pas retourner chez ses parents.
C’est au juge qu’il revient de prendre la décision qu’il estime la meilleure pour lui.
C’est important, car cela déculpabilise l’enfant des propos qu’il pourrait tenir.
A partir de quel âge un enfant a-t-il le droit d’être entendu par un juge ? A quel âge peut-il être entendu ?
Les textes législatifs ne mentionnent pas d’âge, mais obligent que le mineur fasse preuve de discernement.
A Brest, la pratique démontre qu’aux alentours de 10-11ans, le mineur peut demander à être entendu.
En revanche, le juge peut toujours demander d’entendre l’enfant, notamment en matière d’assistance éducative.
L’enfant convoqué à une audience a-t-il l’obligation de venir ?
Les parents, ou le service à qui le mineur est confié, ont l’obligation d’emmener l’enfant si le juge le demande.
Au pénal, si le mineur est victime, il n’a pas l’obligation de se déplacer, bien que ce soit préférable dans des cas d’instruction criminelle par exemple.
Le mineur mis en cause a, lui, l’obligation de se présenter au juge.
S’il ne se présente pas, le juge peut ordonner un mandat d’amener avec escorte de police, ou de gendarmerie. Cela reste toutefois une simple option pour le juge qui peut décider de rendre sa décision en son absence.
Comment se passe votre relation avec les parents dans des affaires pénales concernant des mineurs ?
Si le mineur est capable de discernement, s’il est en état de comprendre la situation, je le reçois seul dans un premier temps pour qu’il dispose d’un espace où il puisse se livrer.
C’est ensuite que je reçois les parents.
Si le mineur n’a pas la capacité de discernement, il n’est pas reçu seul, car cela n’apporte pas de plus-value.
Si le mineur est victime de ses parents, le juge des enfants ou de l’instruction aura le plus souvent désigné une association qui représentera l’enfant pendant la procédure et fera le lien avec l’avocat.
Faites-vous une différence dans votre relation avec le client, selon que le mineur soit victime ou soit auteur ?
Oui, car le propos, le contenu de la discussion ne sera pas le même.
Le mineur victime aura principalement besoin d’être rassuré et soutenu.
Le mineur auteur aura, lui, davantage besoin qu’on lui explique la procédure, comment se déroulera la suite des événements.
Il arrive également qu’on doive rassurer les auteurs d’infractions, car certains sont mortifiés à l’idée d’aller en prison pour des faits parfois très légers. Au contraire, d’autres nécessiteront plus de fermeté. Parce que je suis là pour les aider quelle que soit leur situation et que je suis leur avocat, j’adapte mon discours à chaque situation.
Côté civil cette fois, comment traitez-vous les affaires sensibles de placement de mineur ?
Chaque affaire est différente.
Dans certains dossiers, tout le monde y compris les parents ou les enfants sont d’accord pour être placés.
Dans d’autres où la mesure éducative est légère, il y aura énormément de conflits entre les services éducatifs et les parents, alors que l’enjeu peut paraître moins important.
Ce sont des paramètres extérieurs qui guideront ces comportements : l’histoire, le sentiment d’injustice… D’où l’importance d’un avocat pour parfois faire comprendre au client qu’il a tort.
L’avocat joue également le rôle de traducteur, car tout n’est pas toujours compris, notamment en matière d’assistance éducative où les juges sont pris par le temps en raison d’une masse considérable de dossiers.
Auriez-vous un conseil pour les jeunes qui s’intéressent aux métiers du droit et s’interrogent sur leurs notes, ou leur orientation ?
Si j’ai un conseil à donner aux jeunes, c’est que les notes ne font pas tout.
Une note ne fait pas une personne ou ses qualités humaines.
Il faut toujours croire en ses capacités.
Il y a forcément un métier qui est fait pour vous, il faut simplement accepter parfois qu’il faut du temps pour trouver sa voie.
Comment pouvons-nous vous contacter ?
Je reçois sur rendez-vous du lundi au vendredi, de 9h à 12h et de 14h à 18h30, à mon cabinet situé 40 rue du Château à BREST 29200.
Je suis également joignable directement via mon site https://www.avocat-colliou.com/ ou par téléphone au 02.78.77.15.41.
Auteur : Gaëtane PIETIN
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